mercredi 10 février 2010

Histoire

Si les peuples de la mer se sont sans doute fixés antérieurement dans la région de Sousse, c'est aux Phéniciens que l'on attribue le premier nom connu de la ville. Au XIe siècle av. J.-C. apparaît le toponyme Hadrim qui désigne, selon M'hamed Hassine Fantar[3], un enclos ou un quartier d'habitation. Les vestiges archéologiques du site ne remontent cependant guère au-delà du VIe siècle av. J.-C., période où Hadrim passe sous l'autorité de Carthage et vit avec elle les guerres puniques tout en maintenant une identité phénicienne comme l'attestent notamment les pratiques funéraires locales. Après avoir perdu la bataille de Zama, Hannibal Barca, qui a des propriétés dans les environs de Hadrim, fait effectuer des travaux civils à ses soldats et est à l'origine de la plantation de nombreux oliviers dans la région.
Hadrim se libère progressivement de la tutelle carthaginoise en établissant des relations économiques et diplomatiques directes avec Rome dont elle prend le parti durant la Troisième Guerre punique. Après la destruction de Carthage, les Hadrumétins deviennent, selon l'expression d'Appien, les « amis du peuple romain » et la ville, rebaptisée Hadrumète (Hadrumetum), devient une cité romaine privilégiée et libre. En 46 av. J.-C., elle perd une partie de ses privilèges et se trouve frappée d'une lourde amende lorsqu'elle choisit le camp des Pompéiens contre le victorieux Jules César. À la fin du Ier siècle, Hadrumète est la première cité africaine à bénéficier du statut de colonie honoraire qui est attribué par l'empereur Trajan. En reconnaissance, des monuments glorifiant le généreux empereur sont érigés : arc de triomphe, théâtre, amphithéâtre, thermes, etc. La prospérité de la ville culmine au IIIe siècle sous les règne de la dynastie des Sévères. Le commerce de l'huile d'olive connaît un grand essor après que le fondateur de la dynastie instaure une distribution gratuite et quotidienne d'huile à Rome. La ville frappe même sa propre monnaie. Lorsqu'en 238, la ville soutient l'« usurpateur » Capellien, elle doit subir la répression du nouvel empereur Gordien II. Des monuments publics et des villas sont rasés et le port autrefois si actif perd de son importance. La cité retrouve une prospérité relative lorsqu'en 297 l'empereur Dioclétien fait de Hadrumète la capitale de la nouvelle province de Byzacène qui s'étend sur le centre du pays.
Quand en 439 les Vandales chassent les Romains et détruisent l'enceinte de la ville, Hadrumète prend le nom de Hunéricopolis tiré du nom de Hunéric (fils du chef vandale). Elle végète pendant un siècle avant sa destruction par des pillards venus du sud du pays et ce peu avant l'arrivée des troupes byzantines. Le port, complètement ensablé, est remis en état par l'empereur byzantin Justinien dont la ville prend le nom en 535 (Justinianopolis) et devient le chef-lieu de l'une des sept provinces du diocèse d'Afrique. La période byzantine dure environ 135 ans.
Le début de la période arabo-musulmane peut être fixé à 670, lorsqu'Oqba Ibn Nafi Al Fihri assiège la ville qui prend le nom de Sousse. Elle est d'abord une agglomération pourvue en 787 d'un ribat et habitée essentiellement par des ascètes chargés de la défense des côtes. Le vin, les jeux et la musique sont proscrits. Le nouvel essor de Sousse vient du second prince aghlabide Ziadet-Allah Ier qui dote la ville d'un chantier naval (821) d'où partent les navires à la conquête de la Sardaigne (821), de Malte, de la Sicile (827) ou de Rome (846). Au IXe siècle, la ville s'est ouverte et accueille des musulmans, des chrétiens et des juifs. Elle devient alors la seconde ville de l'Ifriqiya et la première du Sahel. Durant la période fatimide, la prospérité de Sousse ne souffre que modérément de la fondation de Mahdia. La ville, qui exporte ses étoffes en Orient et en Occident, est aussi une prospère cité oléicole. Jusqu'en 1159, Sousse subit les assauts puis l'occupation des Normands. Mais sa décadence, à partir du XIIe siècle, est surtout due à la promotion de Tunis comme capitale sous le règne des Hafsides, à l'appauvrissement de l'arrière-pays dont elle constitue le débouché maritime et, au XIIIe siècle, à la concurrence des textiles exportés depuis l'Europe, période durant laquelle des Génois s'installent à Sousse. La ville subit une courte occupation espagnole entre 1537 et 1574.
Pendant l'époque ottomane (1574-1881), la ville retrouve son importance. Sousse est alors, au XVIIe siècle, le deuxième port de commerce du pays. Aux brodeurs et tisserands s'ajoutent des artisans potiers qui exportent leur production dans tout le bassin méditerranéen. À la fin du XVIIIe siècle, la ville souffre des bombardements français (1770) et vénitiens (1784 et 1786). La ville s'enfonce dans le déclin après 1864 lorsqu'elle se range contre Sadok Bey dans une insurrection antifiscale. Elle passe, comme toute la Tunisie, sous le protectorat français à partir de 1881. La création d'un nouveau port (1884) lui redonne toutefois son rôle de débouché maritime des produits de la steppe. La municipalité de Sousse est instituée le 16 juillet 1884.
Architecture et urbanismeLe flanc oriental de la médina est complété par un port agrandi à partir de 1899. Plus au nord s'étend la ville nouvelle construite sous le protectorat français et caractérisée par ses larges rues rectilignes et sa promenade dominant la mer où s'alignent les hôtels en direction de Port El-Kantaoui.

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